MOT
19 h. Il ferait bientôt noir. Les jambes d’Elmihra étaient molles, son visage
en sueur. Elle avançait à présent dans le désert de l’arène avec pour unique
bagage de l’or et du sang. Deux traits sombres se dessinaient sur chacune
de ses joues. Elmihra ferma les yeux. Elle entendait le taureau respirer. Elle
l’attendait. La porte du toril s’ouvrit pour une dernière fois. La foule était
réchauffée par l’alcool et le spectacle. Le bel habit de matador était sali de
sang. Elmihra regarda le sang et ferma les yeux quelques secondes. Le taureau
fonçait vers elle, elle ouvrit les yeux.
Cybèle et ses enfants Elmihra et Mot nous entraînent à tour de rôle dans
le tourbillon d’une vie où plane la mort, annoncée par trois grains d’or
dont Cybèle a hérité. En Espagne, où Cybèle a trouvé refuge en fuyant
la guerre au Liban, Elmihra, sa fille, rêve de devenir matador. Ce livre,
d’une tendre violence, nous fait penser aux anciennes tragédies grecques,
à L’Or du Rhin d’un Wagner ou encore à Cervantès. Un roman comme
on les aime.
- Katharina von Bülow